Avant-propos Philippe Moine

Le vœu du fondateur

30e anniversaire de la Maison Littéraire de Victor Hugo

Lors d’une visite en France, en 1981, Monsieur Daisaku Ikeda, écrivain, philosophe et homme de paix japonais, rencontra Monsieur Alain Poher, président du Sénat. Ce dernier lui fit visiter le Palais du Luxembourg et son plus beau salon, le «Salon Victor Hugo ». Profondément épris de littérature, Monsieur Ikeda est un admirateur de Victor Hugo depuis son plus jeune âge ; il dit avoir surmonté adolescent les affres de la Seconde guerre mondiale grâce notamment à la lecture des Misérables.

« L’idée de la fondation de la Maison littéraire m’est venue […] À ce moment-là, je décidai de laisser à la postérité le témoignage d’un combat héroïque et de l’œuvre d’un grand écrivain. » explique-t-il.

Le 7 juin 1989, dans le bureau présidentiel du Palais de l’Élysée, Monsieur le Président François Mitterrand accueillait Monsieur Ikeda pour un entretien portant sur la célébration du bicentenaire de la Révolution et les relations franco-japonaises. La semaine suivante, invité par l’Académie des Beaux-arts, Monsieur Ikeda prononçait un discours intitulé «l’Art et la spiritualité en Orient et en Occident ».

Puis en 1991, avec le soutien de Messieurs Alain Poher, président du Sénat, Jack Lang, ministre de la Culture, Marcel Landowski de l’Institut, Alain Decaux et René Huyghe de l’Académie française, Monsieur Ikeda, fonda à Bièvres la Maison Littéraire de Victor Hugo. Il en a dès lors confié la gestion et l’animation à une association française.

La création de ce musée dédié à Victor Hugo est l’expression de son engagement pour la paix, la culture et l’éducation, lui qui est l’auteur de cent ouvrages, dont des dialogues avec des penseurs tels que Arnold Toynbee, André Malraux, Mickaël Gorbatchev, Henry Kissinger, Linus Pauling, René Huyghe, Charles Bonaparte… traduits en plus de trente-six langues et qui, chaque année depuis 1978, dépose à l’ONU des propositions pour la paix, publiées ensuite dans le monde entier.

En 2000, Monsieur Ikeda a accepté que cinq pièces majeures de la collection soient classées « Trésor National » au titre des monuments historiques : les épreuves corrigées à la main par Hugo des Misérables, celles des Contemplations, celles de La Légende des siècles, le brouillon du projet d’amnistie des communards, ainsi que le dernier mot écrit de la main de Victor Hugo, trois jours avant son décès: « Aimer c’est Agir ».

Pour cette importante contribution au rayonnement de Victor Hugo, le ministre de la Culture lui a remis en 1992, la distinction de Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres.

Fruit des efforts de toute l’équipe de la Maison Littéraire de Victor Hugo pour concrétiser durant ces trois décennies la mission dévolue par le fondateur, le présent catalogue vous propose un riche aperçu de nos réalisations : expositions nationales et internationales, partenariats, rencontres, acquisitions patrimoniales, événements culturels… Il donne à voir quelques trésors de la collection, manuscrits, lettres, éditions rares et originales, gravures, sculptures, clichés d’époque… Il invite à une promenade dans le sillage du poète, grâce aux centaines de photographies de cette partie de la vallée de la Bièvre que Louis-François Bertin sut si bien aménager. Il rappelle surtout l’esprit de nos activités, illustré par la soixantaine de textes de Victor Hugo, qui continuent d’illuminer l’avenir.

Je remercie les très nombreuses personnalités et spécialistes du monde de la culture, de la recherche et de la littérature qui nous ont fait l’honneur depuis l’inauguration de participer, par leur soutien, leurs messages et leurs témoignages, à la mise en valeur de ce patrimoine humaniste, et particulièrement celles qui, aujourd’hui, nous font l’amitié de textes que vous allez découvrir dans les pages qui suivent : M. Gérard Larcher, président du Sénat, Mme Pelletier-Le Barbier, maire de Bièvres, M. Denis Lavalle, conservateur général honoraire du Patrimoine, Mme Anne-Simone Dufief, professeur émérite de littérature à l’université d’Angers, M. Charles Bonaparte, descendant de Jérôme Bonaparte.

Mes remerciements vont également aux visiteurs du monde entier qui viennent en nombre chaque année, manifestant leur passion pour la pensée hugolienne et témoignant ainsi de son universalité.

Durant ces trente dernières années, suivant le vœu du fondateur, nous avons souhaité en mettant l’accent sur certains aspects méconnus de Victor Hugo, que s’établisse un dialogue entre chaque visiteur et l’œuvre visionnaire du poète, particulièrement en ce qui concerne les jeunes générations.

Cette année, nous allons planter un arbre, symbole de l’élan que nous entendons prendre vers les trente prochaines années et au-delà. Je souhaite qu’il soit le témoin d’un monde de plus en plus éclairé et je suis convaincu que les messages de Victor Hugo et des grands auteurs que nous continuerons de mettre à l’honneur, sauront y contribuer.

Dans sa préface du catalogue de l’exposition consacrée à Victor Hugo, organisée en 2004 au Japon, Monsieur Ikeda avait tout dit :

« Victor Hugo écrivit : « Les rêves des grands hommes sont la gestation de l’avenir. » Je suis fermement convaincu que ce qu’il proclamait – ses aspirations à la paix et au respect des droits de l’homme à une époque chaotique, et sa quête, parfois à tâtons, dans la création de nouvelles valeurs – demeure toujours, deux siècles plus tard, une force vive permettant à d’innombrables personnes d’élever leur esprit et d’élargir leur potentiel. »

Philippe Moine

Directeur de la Maison Littéraire de Victor Hugo